lundi 27 juin 2016

ROSE 59

 

                                      PIEUX  MENSONGE
        
         L'article sur le camping d'Amchit paraît, dans le premier numéro d'août, sous le titre : Un petit coin de paradis pour les handicapés. L'histoire d'Arlette et Antoine, romantisée à l'extrême, y figure en bonne place, ainsi que de nombreuses photos — dont une, provo oblige, de Julie et Grégoire s'ébattant sur la pelouse, avec cette légende ironique : Ici, même les chiens sont heureux.

         Il n'est pas étonnant qu'ayant été élevée dans une telle ambiance, Michèle Sfeir ait conçu le texte émouvant que vous avez pu lire dans Le Coin des petits du mois dernier, écrit hypocritement Rose. Car il est le reflet de l'admirable vocation de ses parents : accueillir les êtres en difficulté, leur redonner goût à l'existence, et faire en sorte que l'entraide, la solidarité et le respect de l'autre pallient solitude et infirmité.

Elle se relit, ricane : 
        — Quel tissu de mensonges ! Les journalistes sont tous des manipulateurs, à commencer par moi.
Puis elle réalise brusquement qu'en rédigeant ce papier, elle n'a pensé ni aux Sfeir, ni aux chiens, ni même à ses lecteurs, mais… à Nadège. Par association d'idées, en fait. Par l'un de ces cheminements de l'inconscient dont nul ne maîtrise les arcanes.
« Ce paradis illusoire, je l'ai bâti sur mesure pour ma nièce », se dit-elle, bouleversée. Et elle sent aussitôt ses yeux s'humidifier.
Quand l'article paraîtra, elle ira, en douce, le glisser sous la porte d'Omane, dans l'espoir que celle-ci comprenne le message.
         En vain.
         Omane restera sourde à ce nouvel appel. 



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