dimanche 31 juillet 2016

ROSE 93

 
  
                         LA FIN DE L’EXIL

Qu'est-ce que tu fais, Rachad ?
           — Je range mes tableaux dans le cagibi. Tu me files un coup de main ?
              Avec autant de répulsion que s'il s'agissait d'une peau gangrénée, Rose empoigne une toile — par l'arrière, pour ne surtout pas toucher la face peinte — représentant un bébé galactique, hurlant dans les profondeurs obscures de l'infini. Elle ne fait aucune commentaire, se contente de ranger l'effroyable chose, face contre le mur, dans le placard ad hoc. Puis va chercher la suite.
              Sous leurs efforts conjugués, la pièce est vidée en deux temps trois mouvements.
            — Où on met le lit ? interroge Rose, une fois tout le reste débarrassé. Dans ta chambre ?
           La tête de Rachad oscille de gauche à droite.
             — Pour ça, il faudrait qu'Omane démonte sa tente, et à mon avis, ce n'est pas gagné.
              En effet : la diva, consultée, refuse tout de go. Le cocon de Nadège, bien que déserté en journée, reste indispensable pour les siestes et la nuit. C'est là que mère et fille partagent leur sommeil. Là qu'elles se cajolent, se retranchent, se préservent des atteintes extérieures.
               Rose n'insiste pas. Rachad non plus. Mais ils s'emploient à rendre la pièce du bas joyeuse et accueillante, comme elle l'était jadis. Un plaid de couleur vive et des coussins transforment le lit en un canapé confortable ; tapis, table basse, poufs et fauteuils complètent l'ensemble. Désormais, l'ex-atelier aura la double fonction : salon le jour, chambre la nuit. Et les miasmes de son mal-être n'empoisonneront plus le repos de Rachad.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez un chtit mot