lundi 5 septembre 2016

ROSE 127

 

                                            ENFIN !

Après-midi sinistre, en dépit du beau temps et des efforts d'Ida pour détendre d'atmosphère. Comme par un fait exprès, Grégoire et Olivier accumulent les bêtises. Rose tempête, se fâche, les gamins récidivent, si bien que vers huit heures :
— Tu peux les coucher ? demande-t-elle à sa tante. Moi, si ça continue, je vais péter les plombs. Il vaut mieux que j'aille me promener.
Et où ? Je vous le donne en mille.
Rue Gaillard-cheval, eh oui.
Vers chez les Lambermont.
Là où elle allait quand elle était petite et avait besoin de réconfort.
Etienne, qui prend le frais à sa fenêtre, l'aperçoit.
Ça va ? interroge-t-il.
Rose fait "non" de la tête.
Attends-moi, j'arrive.
Dans la seconde qui suit, il est là.
Qu'as-tu, m'feye *?
Pour toute réponse, elle hausse les épaules. Il y a toute la détresse du monde, dans ce geste-là.
Comme autrefois, il lui ouvre les bras. Elle s'y blottit. Cherche de la joue le creux de son épaule.
— Ton mari est parti et tu déprimes, c'est ça ?  
— Oui.
Mais moi, je suis là !
Les mêmes mots que jadis, les mêmes. À peine moins innocents.
À peine moins innocentes, aussi, les lèvres qu'elle sent s'égarer dans ses cheveux.
Rose…
Elle lève la tête. La bouche d'Étienne n'est qu'à deux doigts de la sienne. Moins, même. Beaucoup moins. Et se rapproche encore.
L'effleurement lui fait l'effet d'une décharge électrique. Elle bondit en arrière.
Eeeeh !
Toute douceur l'a quittée comme par enchantement.
Tu…, commence Etienne, livide.
D'un geste, elle lui coupe la parole.
— Ça s'appelle abuser de la situation, ça, mon p'tit bonhomme ! Et ce n'est pas joli-joli !
Puis, le plantant là, elle rentre en courant chez sa tante.


Elle n'en sort pas pendant deux jours.
Jusqu'au coup de fil d'Amir, en fait.
Qui lui annonce : « Ça y est, j'ai trouvé un appartement ! »
Commentaire amusé d'Ida :
— Il paraît que la foi soulève des montagnes… Les foies aussi, dirait-on !  

                
                                * M'fye : petit nom tendre signifiant littéralemment "ma fille"


Bonus : les coms d'époque !







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