vendredi 14 octobre 2016

LE BEL ÉTÉ 2


                                     LA MINUTE DE VÉRITÉ
 
 
            La sentence tomba comme un couperet :
 — Lésion cérébrale.
  Je sursautai 
  — Une lésion ?  Mais… je ne me suis cognée nulle part !
   La neurologue de garde haussa les épaules.  C’était, ma foi, une fort jolie personne, grave et calme, à qui la blouse blanche seyait à ravir.
               — Une tumeur, si vous préférez, précisa-t-elle, en me montrant la chose sur le DVD de l’I.R.M.
               Non, je ne préférais pas, mais de là à en faire état… On a sa fierté, tout de même !
                — Un cancer, vous voulez dire ?  suggérai-je d’une voix tremblante.
     Elle hocha vaguement la tête     
                 — C’est vous qui avez prononcé le mot, pas moi…
                 Cela  semblait la soulager.
                 Curieusement, moi aussi : les mystérieux symptômes qui m’avaient alertée portaient enfin un nom.
      (Le terme « soulager » peut a priori sembler incongru dans un tel contexte, mais disons qu’être répertoriés les rendait, quelque part, moins  flippants. C’est le propre du langage, de cerner l’indicible.  De l’apprivoiser en quelque sorte. Or, apprivoiser ce qui m’arrivait, tenter d’en comprendre  les causes et d’en maîtriser les effets, était ce dont j’avais, en ce moment,  le plus besoin.)





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez un chtit mot